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Le droit au respect de la vie privée et familiale peut faire obstacle à la démolition d’une construction illégale


➡️ Décision commentée du TJ Grasse, 22 avril 2025, min. n° 890/25 DB


🔹 1. Les faits :

👨‍👦 Le prévenu, père d’un enfant de 4 ans et maçon de profession, résidant à Peymeinade (06530), est poursuivi pour avoir réalisé une extension de son habitation de 48,5 m² sans autorisation.

📏 Cette construction est implantée à 10 mètres de la limite nord et 5,15 mètres de la limite ouest, alors que le PLU impose un minimum de 12 mètres.

🚫 Trois infractions lui sont reprochées :

  • ❌ Travaux sans permis de construire ;
  • ❌ Travaux soumis à déclaration préalable non respectée ;
  • ❌ Violation du PLU.

🔨 Il risquait :

  • Une amende pénale (jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros) ;
  • Une remise en état des lieux pouvant aller jusqu’à la démolition de l’extension.

🔹 2. Le cadre juridique :

⚖️ Le juge doit, en matière d’urbanisme, prendre en compte les droits fondamentaux du prévenu (CEDH, art. 8), notamment :

Le droit au respect de la vie privée et familiale et du domicile.

📌 Si une mesure de remise en état est disproportionnée au regard de ces droits, elle peut être écartée, même en cas d’infraction avérée.

📚 Jurisprudence constante sur le sujet :

  • Cass. crim., 31 janv. 2017, n° 16-82.945 ;
  • Cass. crim., 15 janv. 2019, n° 18-81.294 ;
  • Cass. crim., 14 déc. 2021, n° 20-84.114.

🔹 3. L’affaire en l’espèce :

🏡 L’extension avait pour but d’accueillir une chambre pour son fils et une salle de bain attenante.

📣 Malgré la demande du ministère public de démolition, le tribunal judiciaire de Grasse a refusé de prononcer cette mesure.

👩‍⚖️ La juge a estimé :

  • Que la démolition porterait une atteinte disproportionnée au droit à la vie familiale et au domicile ;
  • Que l’infraction au PLU, bien que réelle, n’était pas assez grave pour justifier une telle sanction.

🧾 De plus, les voisins immédiats n’ont subi aucun préjudice et ont même soutenu le prévenu, soulignant l’intérêt de l’enfant.


🔹 4. La décision :

✅ Le tribunal a :

  • Rejeté la demande de démolition ;
  • Condamné le prévenu à 3 000 € d’amende, avec 5 000 € de sursis en cas de récidive.

⚠️ Cette décision rappelle que l’application rigide du droit de l’urbanisme ne peut primer sur les droits fondamentaux protégés par la Convention européenne des droits de l’homme.


🔹 5. Ce qu’il faut retenir :

📚 Cette décision confirme que :

  • 🔹 Le droit au respect de la vie privée et familiale peut faire échec à une mesure de démolition ;
  • 🔹 Le juge doit évaluer la proportionnalité de la sanction au regard de la situation personnelle des occupants ;
  • 🔹 L’absence de préjudice pour le voisinage et l’intérêt supérieur de l’enfant peuvent peser lourd dans la balance.

🔹 6. Sources :

📄 TJ de Grasse, 22 avril 2025, min. n° 890/25 DB
🔗 Cass. crim., 31 janv. 2017, n° 16-82.945
🔗 Cass. crim., 15 janv. 2019, n° 18-81.294
🔗 Cass. crim., 14 déc. 2021, n° 20-84.114
🔗 Article 8 CEDH
🔗 Article L. 480-4 du Code de l’urbanisme
🔗 Article L. 480-5 du Code de l’urbanisme